jeudi 21 mai 2009

Last Days


17th of may

La fête nationale en Norvège se tient le 17 mai, date anniversaire de l’indépendance de ce magnifique pays, auparavant balancé entre les empires Suédois ou Dannois. Et la ferveur nationale s’est fait sentir dès la veille, à l’occasion de l’Eurovision. Ce n’est pas un programme que je regarde, d’habitude, par choix. Le bas niveau d’interprétation et de qualité me font trop peur. Le schéma était différent pour cette occasion, puisque nous étions tous rassemblés au Pub du village étudiant ou je réside(ait). Quasiment toutes les nationalités concourant avaient des représentants dans la salle. Autant dire que je me suis caché quand Patricia s’est amené en robe noire… quelle horreur cette chanson. Bref le reste de la soirée était jovial, jusqu'à la retransmission soit coupée que l’on doive courir chez Eamon pour regarder le reste des prestations, loupant par la même le passage de la Norvège. À chaque annonce de résultat, l'ambiance était comparable à celle d'un but en ligue 1, bref c’était l’événement.
Le lendemain, j’ai partagé un petit-déjeuner traditionnel chez Carine, entouré de Norvégiens, dont certains étaient en costume traditionnel. Saumon, viandes froides, café, œufs, pain, beurre… un vrai festin couronné par trois gâteaux et 5 litres de vin (on était 17, pour couper court aux observations de mon paternel). Pas de défilé militaire pour la célébration de l’indépendance en Norvège. Et si l’Histoire fait que le défilé militaire en France est compréhensible et quelque part légitime, le sens de cette démonstration de force et de nationalisme m’a toujours laissé sans voix, et très critique. Bref ce sont les écoles d’Oslo qui défilent, avec leurs étendards et fanfares respectives (certaines jouaient même la chanson Norvégienne pour l’Eurovision), alors que nous mangeons des hot-dogs et des glaces (c’est aussi la tradition). Vers 15h, j’ai rejoins mes potes internationaux pour un barbecue qui aura duré jusqu’à la nuit, buvant, mangeant et dansant dans un parc bondé, le tout avec un temps magistral. Bref, un jour parfait !

Instantané in(ré)trospectif

Avant tout, il faut remettre les choses dans leur contexte : partir à l’étranger pendant 10 mois est une expérience unique, et traumatisante dans les deux acceptions. Profondément convaincu de l’effet plus que positif qu’un voyage tel que celui-là aurait sur moi, néanmoins ce serait mentir que de voir mon départ le 8 août 2008 comme une chose facile. C’est apparemment un sentiment partagé par l’ensemble des étudiants à l’étranger. Attiré par l’inconnu mais certain d’une seule et unique chose : on ne sait uniquement que ce l’on perd. Pour avoir été pressé de partir, malgré des sentiments antagonistes, je n’étais pas prêt à rentrer, enfin pas tout de suite. Quand quelque chose vous plaît, impossible de vouloir que ça s’arrête.

Le plus beau, dans ce séjour, ce sont certainement les rencontres. Anglais, Canadien, Australien, Allemand, Turque, Cubain, Mexicain, Américain, Norvégien, Écossais, Polonais… c’est au contact de toutes ces nationalités que j’ai passé ces 10 mois. J’ai sciemment évité de traîner avec des Français, une solution de facilité aux liens culturels évidents qui ne compense pas la leçon culturelle qui m’a été donnée. Dans mes derniers jours ici, un de mes amis Américain s’est d’ailleurs étonné d’un tel choix : culturellement parlant, c’est beaucoup plus dur de créer des liens forts. Certes, mais comment comprendre comment les gens fonctionnent au-delà de nos frontières sans prendre part à leurs propres activités ? Une ethnographie, on appelle ça, dans ce cas-là volontairement désintellectualisée.
Des contacts répétés, des longues discussions avec l’alcool comme élément favorisant les longues tirades incompréhensibles, des incompréhensions aussi parfois, tous ces éléments m’ont permis de comprendre. Et si chacun apporte sa part de spécificité culturelle, chacun se sent en même temps comme un citoyen du monde. À force, j’ai fini par apprendre que la fête des pères en Allemagne est une immense occasion de faire le tour de la ville en transports en commun tout en buvant bière sur bière, qu’à Thanksgiving certains Américains mangent une sorte de gratin fait à base de patate douce et de marshmallows, que les pratiques sexuelles varient assez peu finalement, que les Norvégiens ont une conception très étonnante des relations amoureuses, que pour les Allemands on commencent à « boire » seulement après deux litres de bière… Des exemples, j’en ai à la pelle, pour l'immense majorité vécus de l’intérieur.
Le revers d’un tel choix, c’est d’être le Français de service. Une sorte d’élément rapporté dans un univers complètement inattendu qui amène les gens à venir vers vous parce qu’ils s’attendent pas à voir un petit français. Et, Dieu merci, la plupart du temps, c’était plus que plaisant. Pour autant, il faut faire preuve d’ouverture et ne pas hésiter à répéter parfois dans la même soirée les mêmes phrases. Envoyer péter un mec saoul parce qu’il veut me parler, c’est trop facile. Passer quelques minutes à discuter avec des gens qui sont curieux, c’est loin d’être une perte de temps.

C’est difficile de revenir en France sans comparer. Passer 10 mois dans un pays à y voir tous ses atouts provoque nécessairement un reflux d’attention sur les défauts évidents de son propre pays. Bien entendu, c’est très subjectif. Pour le coup j’ai choisi un pays modèle, et c’est difficile de quitter la tranquillité, la tempérance et l’intégrité de la société Norvégienne pour retrouver des Français trop individualistes pour prendre soin les uns des autres en dehors des cercles fermés de la famille et des amis, d’autant plus avec à leur tête des politiciens qui dirigent, et non gouvernent, prenant des décision inconsistantes, dangereuses, nettement intéressées et tendancieuses. Bref la France est très en retard sur la Norvège, en presque tout point, d’où la difficulté même de tenir la comparaison. L’un des objectifs de mon séjour était aussi de me confronter à un pays où le niveau de vie est le plus élevé au monde. Objectif rempli.
Faire l’effort de découvrir d’autres cultures, appréhender le plus simplement possible la société Norvégienne, deux objectifs d’avant départ auxquels s’est très vite ajouté celui de faire mon possible pour comprendre le milieu de la musique extrême en Norvège. De ce point de vue aussi mon séjour a été plus que satisfaisant : je suis allé de concert en concert, fait de nombreuses rencontres, eu d’interminables discussions sur l’origine de la marginalité des milieux métal, accumulé les lectures sur le sujet et même interviewé une des figures mondiales de l’anthropologie. J’ai un essai en route, j’espère qu’il prouvera que les formes de musique les plus extrêmes sont aussi acceptables que la musique aseptisée que la plupart des gens écoutent. Il suffit juste d’accepter le challenge.

L’intérêt de se frotter à d’autres cultures, c’était aussi d’apprendre sur soi-même. Et sur ce sujet-là je suis pleinement satisfait. Je pense que mes parents pourront pleinement approuver, j’ai grandi.

J’aimerais remercier toutes les personnes qui ont posé les yeux sur ce blog au cours de ces dix mois. Ceux qui m’ont incendié, ceux qui m’ont laissé des messages lubriques et ceux qui ont simplement satisfait leur curiosité. Je pense principalement à mes grands-parents maternels (bon anniversaire très en retard !) et à mes parents.
Même s’ils ne comprennent pas tous le Français, j’aimerais saluer tous mes amis d’Oslo : Eamon, Lauren, Megan, Devin, Kate, Marianne, Tim, Finn, Pia, Eric, Matthias, Torsten, Samira, Micha, Miko, Anika, Broadie, Sofia, Gitti, Pio, Sebastian, Emily, Tuva (how is your anckle ?), Sirianna, Sigurd, Vilde, Camilla & Camilla, Oddbjorn et ses cameramen, Pero et tout le monde à Luck7 tattoo et tous ceux que j’oublie en route.
Une pensée toute particulière pour Carine, qui m’a complètement converti à la Norwegian way of life. Tussen Takk.
Un bisous baveux à tous mes collègues expatriés: Piem, Etienne et JB (merci pour l'accueil dans vos pays respectifs), Simon, Baptiste, Bichette, Chloé, Hélène, LN, Kerbi, Taïa... (désolé pour ceux que j'oublie).

Prenez soin de vous!
A très bientôt


samedi 9 mai 2009

Lucky 13





(cliquez pour agrandir)



Prenez soin de vous,
Pierre

samedi 2 mai 2009

1st of May


Le premier mai, il n'y a pas que les Français qui descendent dans la rue, les Norvégiens profitent aussi de l'occasion pour battre le pavé. Et là vous vous dites sûrement: "Une minute, pourquoi ils manifestent ? Ils ont une couverture sociale béton, des salaires très élevés, un niveau de vie inégalé au monde, un gouvernement social-démocrate qui se soucie de l'environnement, une économie qui n'est quasiment pas touchée par la crise financière, quasiment pas de chômage...". Certes.
Le premier mai les Norvégiens défilent surtout pour faire valoir leurs acquis et les préserver. Le sujet en vogue cette année ce sont les pensions de retraites, puisque le mode de calcul des retraites va passer à un système plus ou moins comparable au nôtre. Pour ma part je me suis joint au cortège aux côtés des jeunes socialistes, puisque mes potes Norvégiens en font tous partie, activement. Parmi les présents on compte aussi des communistes, des anticapitalistes, des anarchistes, des nationalistes... Seuls les représentants des partis de droite ne font pas partie du cortège et certains d'entre eux stationnent sur les côtés des rues en scandant "on veut travailler", si si.
Une manifestation en Norvège, c'est difficilement comparable avec une manifestation type en France. La grande différence résidant dans la quasi absence des forces de police, pas de sentiment d'oppression par les compagnies de CRS, pas de raison de porter une cagoule et des lunettes de piscine au cas où. L'organisation est laissée à un comité inter-syndicat qui gère l'ordre de passage, la sécurité sur le parcours etc. Du coup l'ambiance est très festive, sereine bien que grave dans le sens politique du terme, ya des pansions de retraite en jeu n'empêche. Ambiance festive mais loin du laisser aller qui caractérise les plus jeunes manifestants, en France. La société norvégienne reste assez formelle, dans les clous, et les manifestations sont à son image.
Chose à noter, ici ce sont les hommes politiques au gouvernement qui lancent la manifestation, par un discours devant l'ensemble des manifestants. Le premier ministre nous a même accompagné pendant la marche. Et même si les élections législatives ne sont pas si loin, ce n'est pasune chose qu'on pourrait imaginer en France.

Sinon bin en Norvège il fait un temps à vous filer des coups de soleil, plus de 15° chaque jour et un soleil qui fait du bien. Bref j'ai même bronzé, comme quoi...

Autre nouvelle, j'ai rencontré il y a quelques jours Thomas Eriksen, figure mondialement connue dans le monde de l'anthropologie. Il a gentiment accepté de discuter avec moi pour me donner quelques éléments qui me manquent dans mon étude des milieux de la musique extrême en Norvège. Il ne me reste plus qu'à retranscrire cette interview, si ça vous intéresse faites le moi savoir.

Voilà, désolé pour le manque de nouvelles, mais j'essaie de profiter de mes dernies jours ici pour faire autre chose que tapper sur mon clavier.

Quelques photos de la manifestation d'hier sont disponibles ici.

Prenez soin de vous,
Pierre